Si tu cherches un abri inaccessible
Un week end à Nice, c’est avant tout l’occasion de se cultiver (faut bien s’occuper). Je me retrouve donc avec moult films, séries, BDs et albums sur lesquels disserter.
Foultitude étant mère de dispersion, nous allons nous concentrer sur le cinéma.
« Notre jour viendra » de Romain Gavras.
J’attendais avec pas mal d’impatience le premier long métrage du rejeton Gavras, une des éminences grises du très innovant collectif Kourtrajmé et clipeur talentueux.
Rémy et Patrick (Olivier Barthélémy et Vincent Cassel, fidèles parmi les fidèles) n’ont a priori pas grand chose en commun si ce n’est qu’ils sont roux (enfin plutôt auburn pour l’un et poivre et sel pour l’autre mais passons). Ils se croisent par hasard sur le bord d’une route, l’envie de tailler la zone, de vivre pleinement. On les suit pendant 1h30 faire n’importe quoi avec n’importe qui, faire pas grand-chose finalement.
Les sujets de prédilection de Romain Gavras se retrouvent tous dans le film : le nord, les mecs en jogging, les parkings, les voitures, la musique, la violence et les roux donc.
Comme nous avons déjà pu le constater dans des clips (notamment celui pour DJ Mehdi avec, déjà, Olivier Barthélémy), Gavras est un très bon réalisateur (enfin moi je trouve) et il a une utilisation quasi parfaite de la BO. Il lui reste tout de même à s’améliorer niveau scénario parce que là ça part un peu dans tous les sens et au final, je reste franchement perplexe quant au propos…
Je m’attendais plus ou moins à une version longue de l’excellent clip fait pour M.I.A., avec une vraie réflexion sur les minorités, les souffrances et les outrages qui leurs sont fait. Mais en fait non. Donc je suis déçue, un peu. Mais ça ne m’empêchera pas d’aller voir son prochain film. Car je ne doute pas qu’il y ai un grand potentiel de progression dans Romain Gavras.
Des hommes et des dieux, de Xavier Beauvois.
Une fois assise dans la salle, je me suis demandée ce que j’étais venue faire dans cette galère, est-ce que j’avais vraiment envie de me confronter à la barbarie de la guerre d’Algérie en ce dimanche soir, franchement !?
Il s’avère que ça ne se passe pas pendant la guerre d’Algérie en fait, mais au début des années 90, et qu’il n’y a quasi nulle trace de violence dans le film.
Monastère de l’Atlas, 8 moines vivent en parfait harmonie avec les villageois quand arrivent des groupes terroristes dans le coin. Ils font le choix de ne pas repartir en France, de rester là où ils accomplissent leur devoir.
2h pendant lesquelles on voit leur quotidien, leur abnégation, leurs doutes et avant tout leur foi, qui leur permet de passer outre (ou presque) les événements extérieurs.
Pour moi qui n’en ai pas une miette (de foi), l’intérêt du film est là. J’ai eu du mal à comprendre, ça m’a parfois emmerdé (la vie d’un moine n’est pas des plus palpitante), mais il y a des vrais moments intenses (notamment sur Le lac des cygnes de Tchaïkovski) et une question par rapport au sens de la vie, de ma vie.
Je ne spoile pas puisque ce film est tiré d’une histoire vraie, les moines meurent à la fin. La citation de Pascal, dite dans le film par Michael Lonsdale, prend tout son sens : «L’homme ne fait jamais le mal aussi complètement et aussi joyeusement que lorsqu’il est question de religion». Et malheureusement toute sa modernité.